Le remède homœopathique
Pathogénésie
Le succès d’une prescription homœopathique dépend de l’application judicieuse de la loi des semblables qui, comme vous le savez, consiste à trouver le remède dont la matière médicale ressemble le plus au tableau symptomatique présenté par le malade. Le plus difficile est donc de trouver ce fameux remède « similimum ».
Cependant, après maintenant plus de 200 années de pratique, on sait qu’il y a différents degrés de similitude et que plus d’un remède peut aider le patient avec des degrés d’actions différents. On appelle un remède qui a aidé partiellement un malade un remède « simile ».
Puisque la meilleure façon d’aider un état d’énergie à se rééquilibrer est d’imiter la nature curatrice, nous devrons dans chaque cas trouver un médicament capable de produire une maladie factice aussi semblable que possible par ses symptômes à la maladie à traiter. La connaissance des effets « pathogénétiques » de chaque médicament est donc indispensable.
Le moyen le plus sûr pour découvrir les effets propres des médicaments est de les essayer :
- 1° sur des individus sains et…
- 2° chacun séparément, de façon à constater expérimentalement les manifestations pathologiques qu’ils sont capables d’occasionner sur l’état physique et psychique de l’homme.
Les premières pathogénésies ont éte réalisées par Hahnemann sur ses élèves et sur lui-même.
Les médicaments utilisés en homéopathie sont des substances provenant des règnes minéral, végétal et animal.
Un 4ème groupe provient de l’expérimentation de sécrétions ou tissus pathologiques et portent le nom de « nosode ». La « pathogénésie »est donc l’expérimentation d’une substance chez l’homme sain destinée à relever les symptômes que cette substance est capable de provoquer.
L’ensemble des renseignements recueillis au cours de ces expérimentations constitue les « matières médicales » des médicaments, matières qu’il faudra étudier dans leurs versions originales car les versions simplifiées sont incomplètes et ne donnent que des images tronquées des possibilités thérapeutiques des médicaments.
Son action
Son action se fait par la réaction du corps après absorption par les parois de la bouche, quand il sera fondu ou mâché, et donc rapidement intégré dans l’organisme.
Sa prise
Ne pas prendre en même temps qu’un aliment, boisson (au moins 1/4h avant), ou autre médication (H.E. etc).
Ne pas toucher les granules car il n’y a pas de film protecteur.
En général, 3 granules, 2 à 3 x / jour, parfois toutes les heures si la situation est sévère, quand les symptômes réapparaissent.
Sa fabrication, sa dilution/dynamisation
Le remède est fabriqué sous forme liquide, et se fait donc par « imprégnation ». Il sera dilué et dynamisé.
Nous avons les basses dilutions :
1X-2X-3X-4/5CH-6/12K, action courte, problèmes récents et locaux, affections aiguës.
Les hautes dilutions :
30/200/MK-7/9/12/15/30CH, action longue durée, cas anciens et chroniques, d’ordre psychologiques, nerveux, ou mentaux
Plus la similitude entre les signes du patient et ceux de la pathogénésie du remède est grande, plus la dilution sera élevée.
Deux méthodes de dilution : Hahnemannienne et Korsakovienne.
– CH : « à flacons multiples »standardisés, 1cm3 du produit est dilué dans 99cm3 de solvant (=1CH) dans un flacon en verre neutre propre et sec.
On dynamise le produit.
On prélève 1cm3 du liquide et on le dilue dans 99cm3 de solvant et ainsi de suite…(=2CH)
– K : « à flacon unique » standardisé. Un flacon de 10ml conserve 0,1ml de liquide adhérant à la paroi après vidange du contenu. Action plus douce car il reste l’information des dilutions antérieures.
La galénique
On prescrira les remèdes sous formes de :
- granules
- gouttes
- globules
- cures ou poudres 6-200K, 6-MK
L’étude des dil./dyn. en homœopathie
Cette étude est sans doute un des sujets les plus ardus et les moins étudiés de cet art de guérir.
Quid de son usage, le pourquoi, et le comment ?
Nous aborderons des notions de numérologie, voire de symbolique des nombres et verrons que celles-ci nous seront bien utiles pour en assurer la compréhension.
Ces notions ne seront pas à prendre “au pied de la lettre”. Elles sont des pistes de recherches et d’expérimentations qui devront être confrontées à l’expérience des prescripteurs.
Je remercie particulièrement feu le Dr. Noël Carlot ainsi que le Dr. Jean Lansmanne d’avoir tenté de structurer ces concepts complexes.
Je reprends la métaphore de l’incendie d’un immeuble pour mieux comprendre le fondement de cette réflexion.
Pour éteindre cet incendie, nous recourons aux services des pompiers parmi tous les corps de métiers. Ce sera le choix du remède, essentiel bien évidemment. Ensuite, il s’agira d’arroser l’étage concerné… ce sera le choix de la dilution/dynamisation, en fait, du niveau d’énergie auquel utiliser le remède.
Si nous utilisons une 5CH (pour arroser le 5ème étage) quand ça brûle au 15ème (le déséquilibre énergétique réclamant une 15CH), cela peut s’avérer inefficace !
Il s’agira essentiellement de traiter une plainte précise qui exigera une dynamisation particulière avec l’idée de potentiellement résoudre l’ensemble du cas. Le choix d’une dose et d’un remède rondement prescrit qui aura bien dépanné le patient, qui ne sera plus du tout aidé par une autre dose du même remède, nous aura tous occasionné des frustrations.
Je vous livre quelques informations quant au choix des dilutions et vous renvoie aux ouvrages écrits par les auteurs pré-cités, si la curiosité vous y amène: “Le chemin inconnu” du Dr. N. Carlot et “un pas vers la compréhension des dynamisations homœopathiques” du Dr. J. Lansmanne . Edition de l’Ecole Belge d’Homœopathie.
CH, D, K ou 50LM ?
1/ La dilution centésimale ou CH va nous permettre de cibler spécifiquement un organe ou une partie du corps, alors que le patient va bien par ailleurs. Cf. le symbole du nombre cent dans le dictionnaire des symboles, de Chevalier et Cheerbrant.
2/ La dilution décimale ou DH nous donne l’image d’une totalité en mouvement, le retour à l’unité après le cycle complet des neuf premiers nombres (aussi les neuf premiers mois de la grossesse). Le “dix” inclut les trois notions de dynamique, cosmique et d’achèvement, d’accomplissement.
Nous parlons de patients en chemin d’évolution de conscience, qui “bouge” et donc il s’agira d’être prêt à la recevoir !
Bien loin l’idée de nos drainages habituels.
P.ex. Le ou la patient.e n’étant pas disposé.e à changer sa vie ou à corriger ses habitudes alimentaires risquera d’être aggravé.e.
3/ La dilution K sera la dilution de choix pour les problèmes du quotidien.
– La 200K correspond à la difficulté (2) vécue par l’être en tant qu’individu (100) par rapport à la collectivité. Elle suppose une réaction active du patient face à un conflit. Nous sommes dans l’état de la psore. Nous stimulons l’immunité (moi et l’autre).
– La 1000K ou MK. Mille symbolise l’immortalité du bonheur. Le thème sera celui de la faute qui est la cause de la perte du paradis (le bon équilibre énergétique). Nous sommes dans la sycose, avec ses dévalorisations, imperfections et incapacité à gérer les problèmes de la vie.
– La 10000K ou XMK symbolise la plénitude, la fertilité, l’abondance, l’harmonie parfaite. Nous sommes dans la luèse, l’irréparable. “Tout est fichu”. Il s’agira de relancer le mouvement profond.
– La 30K suffit à traiter l’aigu.
Nous parlerons dès lors de dynamisations psorique, sycotique ou syphilitique de remède, sachant qu’un thuya peut être en psore et un mercurius en sycose…
- La 50LM ou 0/x LM, la 50ème millésimale.
- L’homme en tant qu’entité (5) a perdu son bonheur (XM) et manifeste sa souffrance à tel endroit du corps. L’endroit déterminera le choix du chiffre “x” de la dose (0/3, 0/5,…), un peu comme la CH pour peu que le symptôme qui s’exprime survienne dans un contexte psychosomatique ponctuel.
Nous rechercherons donc une dynamisation “similimum” dont le niveau énergétique convient mieux à la globalité du patient. Comme si un remède bien indiqué, laisse dans l’ombre, un problème précis tant qu’il n’est pas administré dans la dynamisation qui cible spécifiquement ce problème.
Serge Henrotte
Commentaires (2)
Couffignal Debar Brigitte says:
7 octobre 2024 at 9 h 41 minBonjour Serge, merci pour cet article interessant et bien utile, car l’homéopathie qui est une grande médecine perd sa place, heureusement que certains comme toi et d’autres perpétuent la connaissance.
Bien à toi.
Brigitte
ROESS Christine says:
7 octobre 2024 at 12 h 35 minBonjour,
Merci pour cet article auquel je voudrais rajouter 2 choses très importantes.
Les préparations en CH ou en DH se font en changeant de flacons entre chaque dilution/dynamisation (ce n’est pas très clair dans l’article) alors que pour les Korsakoviennes, on garde toujours le même flacon (ce qui est écrit dans l’article).
Ensuite il faut bien insister aussi sur le fait qu’il y a une dynamisation de la préparation à chaque dilution car on a tendance à oublier que c’est justement la dynamisation qui fait tout et ceci a très bien été montré par les travaux de Nicolas Stelling.
Dans le langage courant on a tendance à parler de dilution mais pour ma part j’ai toujours insisté, lors des cours au sein de l’ANPHOS, sur le terme dynamisation pour que nous comprenions bien l’action du médicament homéopathique.
Cordialement.
Christine Roess