L’hydrotomie percutanée est une pratique médicale professionnelle qui consiste en l’injection locale intradermique ou sous-cutanée de sérum physiologique (chlorure de sodium à 0,9 %) en accord avec l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les indications d’hydratation extra-cellulaire et de véhicule d’apport thérapeutique.
C’est une mésothérapie diluée. Elle permet, avec la création d’un « coussin d’hydrotomie », l’apport notamment d’anesthésiques locaux, de minéraux, d’oligo-éléments et de vitamines injectables mais aussi l’administration de médicaments conformément à leur usage établi en mésothérapie et aux recommandations de la HAS.
Cette technique m’a intéressée car bien qu’elle trouve ses indications principales dans les douleurs des maladies dégénératives de type arthrose, des lombalgies ou cervicalgies, elle peut s’appliquer aussi au sein de notre spécialité, dans les acouphènes et le SADAM, et une de mes patiente m’en a vanté les bienfaits.
Dans ces deux cas, l’hydrotomie percutanée pourrait apporter un soulagement des symptômes.
1) Les acouphènes :
Ils constituent des manifestations neurovasculaires qui intéressent l’innervation et la vascularisation de la région de l’oreille. Les causes peuvent être multifactorielles : arthrose, fibrose mastoïdienne, traumatisme cervical, infections locales ou dérangement intervertébral (DIM) de C2-C3-C4 avec pincement articulaire des racines nerveuses à destination de l’oreille.
L’Hydrotomie percutanée grâce à la mésochélation permettrait la décompression nerveuse mécanique au départ des racines cervicales de C2-C3-C4 à destination de l’oreille avec hydratation des disques intervertébraux et réactivation de la micronutrition et de la microcirculation sur les trajets neurovasculaires vers l’oreille. Le traitement des relais ganglionnaires cervicaux (points plexiques) restent également déterminants dans le traitement des acouphènes.
2) Le SADAM :
Il s’agit d’un affaissement de l’ATM entraînant un dysfonctionnement intra et périarticulaire mettant en jeu l’ensemble de l’appareil ostéo-articulaire concerné. Ce pincement peut être dû à un vieillissement physiologique de l’articulation, comme l’arthrose, mais aussi à des troubles de l’occlusion, à un traumatisme crânio-cervical, avec bruxisme qui constitue un mécanisme réflexe réactionnel à ce dysfonctionnement.
Il faut également envisager une origine cervicale par un dérangement intervertébral mineur (DIM) des vertèbres C2-C3-C4 pouvant engendrer parfois un trouble postural de statique global avec déviation de l’articulé dentaire, les axes physiologiques de la statique étant ainsi déviés dans leur ensemble.
l’Hydrotomie grâce à la mésochélation permettrait l’hydratation, la micronutrition et la réduction calcique périphérique de l’engrènement osseux. Elle assurerait une remise en suspension de la mâchoire pour un meilleur « glissement » articulaire de l’articulation temporo-mandibulaire.
Dans les cas de bruxisme, des injections au niveau des ATM/condyles, du temporal et au niveau des plexus gastrique et cardiaque donneraient des résultats probants.
Cette méthode est assez impressionnante quand on regarde les vidéos YouTube du site internet officiel et cet acte était jusqu’à aujourd’hui pratiqué par des médecins et des infirmiers sous prescription médicale, selon les règles d’asepsie en vigueur.
Pourtant douze infirmiers ont été sanctionnés en appel le 15 mai 2023 pour avoir pratiqué ces soins non validés par les instances scientifiques malgré les bénéfices de la méthode rapportés par de nombreux patients et l’absence quasi totale d’effets secondaires.
52 médecins ont dû aussi en répondre en juin.
L’Académie de médecine a estimé que l’hydrotomie percutanée n’était ni «fondée scientifiquement», ni «évaluée cliniquement». «Ses effets indésirables potentiels ne sont pas documentés», et «son usage ne doit pas être reconnu comme une pratique de soin valide», selon le même avis.
Que va devenir cette méthode à l’avenir ?
Cette thérapie présente-elle un véritable intérêt thérapeutique ? S’appuie-t-elle sur des données scientifiques fiables ? Constitue-t-elle un danger pour les patients ? Autant de questions, soumises par la chambre mais aussi par les avocats des infirmiers et de l’Ordre, à l’origine des plaintes.
Actuellement les infirmiers n’ont plus le droit de pratiquer cette technique, et la question est en suspens pour les médecins. Affaire à suivre…
Dr Catherine Bocherens