
Maladie Parodontale et Pathologies Systémiques : Un Enjeu Majeur pour la Santé Globale
De Nouvelles Preuves du Rôle de la Maladie Parodontale dans les Pathologies Systémiques
De récentes publications confirment l’implication des infections buccales, notamment la maladie parodontale et les infections endodontiques, dans l’apparition de diverses pathologies systémiques :
- Cancers digestifs
- Maladies neurodégénératives (dont la maladie de Parkinson)
- Ostéoporose
- Affections articulaires et discales
- Pathologies prostatiques
Principaux Agents Pathogènes Incriminés
Les micro-organismes principalement impliqués sont :
- Fusobacterium nucleatum
- Porphyromonas gingivalis
- Cutibacterium acnes
- Les herpès virus
Ces agents infectieux ne sont pas isolés mais s’intègrent le plus souvent dans des biofilms pathogènes, où plusieurs microorganismes collaborent pour renforcer leur survie, résister à l’immunité de l’hôte et provoquer des destructions tissulaires.
Mécanismes Pathogéniques des Biofilms Buccaux
Les interactions entre différents pathogènes dans ces biofilms facilitent leur action pathogénique :
- Aggregatibacter actinomycetemcomitans produit de la peroxydase (résistance à l’oxygène) et de la neuraminidase (destruction des terminaisons nerveuses)
- Porphyromonas gingivalis synthétise des protéases détruisant les muqueuses
- Fusobacterium nucleatum favorise la baisse immunitaire et la migration vers des cellules tumorales quiescentes
Maladie de Parkinson et Infection Buccale : Une Hypothèse Confirmée
Selon l’hypothèse de Braak, la maladie de Parkinson pourrait débuter par une destruction des plexus sous-muqueux digestifs par des biofilms bactériens. Les débris pathogènes migreraient alors via le nerf vague jusqu’au cerveau, expliquant pourquoi un lysat de tissus digestifs infectés peut induire la maladie, alors qu’un lysat de cerveau malade seul reste inopérant.
Prise en Charge : Une Approche Globale Indispensable
Face à ces implications systémiques, la gestion des infections buccales doit être précoce et énergique. Cependant, un traitement local seul ne suffit pas. Plusieurs facteurs systémiques favorisent la maladie parodontale :
- Immunosuppression
- Reflux gastro-œsophagien
- Syndrome métabolique
- Tabac
- Exposition aux microparticules
Un traitement intégré associant approche locale et prise en charge des facteurs systémiques est donc nécessaire.
Comment Évaluer l’Inflammation Buccale Chronique ?
L’examen clinique classique reste insuffisant pour détecter précisément l’inflammation chronique buccale. Plusieurs approches sont envisageables :
Méthodes déjà existantes
- Examen visuel avec lampe LED bleue ou lampe de Wood : peu fiable
- PCR pour recherche de bactéries pathogènes : longue, coûteuse et peu corrélée à l’inflammation systémique
- Dosage de cytokines inflammatoires salivaires (IL1β, IL6, IL8, TNF-α) : réservé à la recherche
Une Solution Prometteuse : Le Dosage de la Calprotectine Salivaire
Le test IBDoc (laboratoires Bühlmann) permet de doser la calprotectine salivaire, une protéine synthétisée par les polynucléaires neutrophiles. Son intérêt :
- Augmente en cas de maladie parodontale ou de péri-implantite active
- Marqueur fiable de l’efficacité des traitements
- Permet une décision pré-thérapeutique avant la pose d’implants, greffes osseuses ou chirurgies gingivales
Conclusion
La maladie parodontale ne se limite pas à la sphère buccale, mais constitue un facteur de risque majeur pour de nombreuses maladies systémiques. Une approche globale, incluant à la fois traitement local et prise en charge des facteurs systémiques, est indispensable. Le dosage de la calprotectine salivaire constitue un outil innovant et prometteur pour le suivi et l’optimisation des traitements.
Dr Bruno DONATINI