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Orthoposturodontie, occlusion et posture (Dr Michel Clauzade)

Orthoposturodontie, occlusion et posture

A – L’OCCLUSION

Un peu d’histoire

L’occlusion dentaire fait partie des mythes de notre profession au même titre que la relation centrée. Que de querelles, d’incompréhensions ont été entretenues grâce ou à cause d’elle. Ceci a eu pour conséquence, de réserver cette étude à des « initiés » appelés « occlusodontistes « , généralement anglophiles, qui imposaient une normalité structurelle mécaniste à notre appareil manducateur. Le micron était roi, le meulage aussi…

Les facteurs de trouble changeaient au gré des théories et des conférenciers : de la dent, on passa au muscle (ptérygoïdien latéral de préférence), puis du muscle au ménisque, de la dysfonction temporo-mandibulaire à la pathologie crânio-mandibulaire. On avançait pas à pas vers une prise en compte de la globalité, d’autant plus qu’apparaissait à l’horizon un nouveau cheval de bataille : la kinésiologie.

Cette dernière, associée à d’autres techniques énergétiques, permet la prise en compte de lésions primaires et secondaires, montantes et descendantes. D’autres acteurs vinrent participer au débat : ostéopathes, chiropracteurs, podologues, posturologues, ORL, ophtalmologistes, psychiatres, orthophonistes, orthoptistes et… chirurgiens-dentistes, orthodontistes, stomatologistes. Parfois le trop-plein nuit, d’autant plus que toutes ces professions n’ont pas la même culture, la même connaissance et surtout le même intérêt.

Occlusion et verticalisation

Si on raisonne froidement, on constate que beaucoup de gens parlent de quelque chose qui n’existe pas : l’occlusion. En effet, la normalité est l’inocclusion. Nous avons démontré à la suite des travaux de LUNDEEN que nous sommes en occlusion à peu près une demi-heure par jour (20 mn pour la déglutition et 20 mn pour la mastication). Est-ce à dire qu’elle n’est pas importante ? Que signifie-t-elle ?

Si on veut comprendre un système ou une mécanique, l’homme est une mécanique vivante (LEROI-GOURHAN), il faut connaître sa phylogenèse et son ontogenèse.

L’hominisation a été marquée par la conquête de la verticalité et le développement de l’axe chorde-crâne. La boîte crânienne, véritable coffre-fort, renferme et protège ce que l’homme a de plus précieux : le cortex et le neurone, fruit de l’évolution des 3 cerveaux de MAC LEAN. Cette verticalisation s’est opérée en harmonie avec un autre phénomène aussi important qui est la sphérisation de la boîte crânienne, pour aboutir au summum de la verticalisation représenté par ce crâne rond posé sur la colonne verticale et vertébrale, et présentant une occlusion de classe I.

Mais, pour en arriver à cette disposition idéale, qui permet à l’homme de dominer son environnement, plusieurs mécanismes sont intervenus :

– rotation occipitale qui a verticalisé la colonne cervicale,
– plicature du plan crânien au niveau du sphénoïdien et apparition du langage,
– changement de fonction de la mandibule, qui d’un rôle de préhension, défense et mastication se voit offrir un rôle de phonation et langage,
– changement de référence spatiotemporelle avec primauté de l’œil et couplage œil-oreille interne.

L’ontogenèse nous montre que l’occlusion est d’origine neurale, dérivée des structures des crêtes neurales céphaliques (G. COULY), et aussi trigéminale. La relation de l’occlusion avec le système noradrénergique est aussi clairement définie (Dr M. CLAUZADE).

L’occlusion est le fruit d’une fonction crânienne, car toute forme est issue d’une fonction, le concept ostéopathique nous a permis de relier ces différents niveaux d’organisation et de retrouver les enseignements des écoles psychomorphologiques à tel point que nous pouvons dire  » montre-moi tes dents et je dirai qui tu es ».

On ne peut plus considérer l’homme comme un primate et ne s’occuper des dents que dans le processus de mastication.

Les fonctions de l’occlusion

Occlusion et Santé - par Catherine Rossi

La mandibule et l’occlusion interviennent dans d’autres fonctions :

– protection de la boîte crânienne et des structures méningées,
– pompe vaso-motrice veineuse,
– processus de langage et verbalisation,
– système postural adaptatif antéropostérieur,
– gestion du stress.

Nous sommes de véritables architectes du crâne, qui par le retour à une fonction occlusale équilibrée, allons redonner une nouvelle fonction crânienne et donc un nouvel équilibre morphopsychologique à nos patients.

Mais ceci nécessitera le retour à un équilibre crânio-cervical, équilibre dans la gravité par rapport à des axes spatiotemporels de référence. Ceci sous-entend l’aide instrumentale d’articulateurs qui référencent l’occlusion dans l’espace.

Le plan d’occlusion est un plan postural, il est parallèle au plan de Francfort qui définit l’horizontalité du regard. L’individu qui ne possède pas cette référence n’est pas adapté à la
gravité. Cette loi vaut aussi pour le plan frontal.

La prise en compte de la verticalité par des tests posturaux et kinésiologiques, permettent aux dentistes d’intervenir dans des pathologies aussi différentes que des céphalées, vertiges, douleurs cervicales, lombaires et podales.

Les dyslexies, dyslatéralités, problèmes psychomotriciens, dépressions pourront recevoir des solutions au travers d’équipes muti-disciplinaires.

B – Orthoposturodontie, occlusion et posture : les schémas lésionnels

Une vision systémique

Nous proposons une médecine dentaire systémique, c’est-à-dire, globaliste, préventive et écologique.

  • Globaliste, car elle concerne l’individu dans son entité corps-esprit et dans son historicité.
  • Préventive, car il ne faut pas attendre le symptôme occlusal pour agir, c’est l’état du système qui nous conduit à la démarche thérapeutique. Jusqu’à présent les chirurgiens-dentistes n’examinaient que le système manducateur sans prendre en compte les plaintes du patient comme la céphalée ou la cervicalgie éventuellement associée. Nous voulons au contraire optimiser le système par nos soins occlusaux c’est-à-dire, et c’est le point fondamental lui donner la possibilité d’auto-génération.
  • Ecologique, en ne polluant pas l’individu par des matériaux inadéquats, en limitant tous les phénomènes de bimétallisme et en supprimant la présence de foyers infectieux dentaires.

Qu’est-ce que l’Orthoposturodontie ?

L’Orthoposturodontie est un néologisme que nous avons créé, qui est éthymologiquement l’art de replacer les gens « droits », dans la gravité grâce à des traitements dentaires occlusaux.

Cette verticalité, caractéristique de l’homme, deviendra notre référence de travail mais aussi le but à atteindre dans le cadre de nos restaurations occlusales. La posture se résume pour nous à un crâne équilibré dans l’espace par rapport à un référentiel orthogonal. Le chirurgien-dentiste, architecte du crâne, veille à conserver ou à retrouver cette relation crâniomandibulaire, véritable « base posturale ».

Dans notre vision systémique, la suture temporo-mandibulaire est la région adaptatrice entre deux sous-systèmes : le crânio sacré et le système mandibulaire. Elle sera la cible privilégiée de dysfonctions que l’on peut qualifier  » d’occlusales  » et d’autre part de dysfonctions dites  » posturales « . Ces deux cas de dysfonctions pourront être souvent associées.

La connaissance de ce dysfonctionnement est le premier acte à établir mais en déterminant à quel système il appartient.

Occlusion et posturologie

La posture est le résultat de l’équilibre de ces deux systèmes, mais jusqu’à présent les posturologues n’avaient envisagé que le système périphérique qui était qualifié de postural. Le chirurgien-dentiste reste dans son système occlusal et nie toutes interférences avec la posture. Ces deux professionnels ont une vocation différente mais cependant ils travaillent sur le même patient qui exprime une plainte et souvent la même. Le diagnostic devra préciser quel est le système responsable du dysfonctionnement. L’expérience clinique nous a permis de formuler les schémas lésionnels caractéristiques de chaque système en dysfonction, nous aidant ainsi au diagnostic.

Nous avons donc deux schémas lésionnels précis :

  • un schéma lésionnel occlusal descendant et homolatéral,
  • un schéma lésionnel postural montant et contre-latéral.

Le terme de montant ou descendant n’est qu’un élément subjectif que nous proposons pour améliorer la compréhension des deux systèmes. D’autre part les tests posturaux permettent de différencier ces schémas lésionnels et ainsi de conforter le diagnostic.

Pour clarifier la compréhension des schémas nous proposons ainsi DEUX SITUATIONS cliniques où le patient se plaint d’une dysfonction temporo mandibulaire DROITE.

1/ SCHÉMA LÉSIONNEL OCCLUSAL « DESCENDANT « 

– Au niveau de la suture temporo mandibulaire :
La lésion est intra capsulaire. La dysfonction est à la fermeture. Elle signe une pathologie ménisco-condylienne. C’est la rupture du lien crânio-mandibulaire.

– A la palpation :

  • douleur du temporal postérieur droit, du ptérygoïdien latéral droit,
  • douleur importante du ligament latéral externe de l’ATM droite à la pression,
  • lésion de C2 C3 à droite. C’est le signe vertébral pathognomonique à la palpation.

– Au niveau de l’ATM droite :

  • bruits, claquements réciproques ou à la fermeture
  • latéro déviation de la mandibule à droite, à l’ouverture.

– Symptomatologie associée :

  • douleurs cervicales, lombaires, podales ou autres (pubalgie genoux etc…) à droite. Les symptômes sont toujours homolatéraux par rapport à l’ATM cible,
  • l’apparition des symptômes sera matinale ou de fin de nuit. Le patient « occlusal » se réveillera avec maux de tête, migraines, cervicalgies, fatigué, épuisé, verrouillé, bloqué. Ces symptômes auront tendance à s’atténuer ou disparaître avec les mouvements.

2/ SCHÉMA LÉSIONNEL « MONTANT »

– Au niveau de la STM droite :

  • La lésion est extra capsulaire. Il y a dysfonction temporo-méniscale à l’ouverture. Elle est caractérisée par une lésion à l’ouverture buccale, à type de claquement sonore non douloureux ou de craquement, crissement en fin d’ouverture.

– A la palpation :

  • douleur du temporal antérieur droit,
  • douleur du trapèze et SCM gauche,
  • lésion occiput atlas à droite qui est le signe pathognomonique vertébral avec douleur à la palpation.

– Au niveau de l’ATM droit :

  • claquement uniquement à l’ouverture : peu de douleur,
  • légère latéro déviation de la mandibule à gauche à l’ouverture.

– Symptomatologie associée :

  • douleurs cervicales, lombaires, podales ou autres à gauche. Il s’agit en fait d’une pathologie qui a débuté soit au niveau podal, ou genou, ou coxo fémoral et qui s’est compensée au niveau de l’ATM droit. Les symptômes sont toujours contro-latéraux à l’ATM cible.
  • l’apparition des symptômes sera au début de l’après-midi et en fin de journée.
    Nous nous trouvons quelques fois en présence de schémas mixtes. Alors se pose le problème du protocole de travail.

La posture se résume à une tête équilibrée dans l’espace. Son organisation est céphalo-caudale et dépend de l’équilibre crânio-cervico-mandibulaire.

Dans le cas de lésions mixtes, la relation crânio-mandibulaire devrait être normalisée en premier lieu, avant d’envisager la correction des dérèglements posturaux qui s’avéreraient fixés. Il y a primauté du schéma lésionnel descendant sur le schéma lésionnel montant.

Cette approche clinique systématique permet au chirurgien-dentiste d’évaluer avec rigueur et logique l’implication ou non de l’occlusion dans le déficit postural rencontré. Il sera aussi aidé par les tests posturaux qui doivent affiner et conforter le diagnostic.

Dr Michel CLAUZADE (conférencier au prochain congrès Odenth 2024)

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