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Perception occlusale altérée : repérer la dysesthésie occlusale pour éviter la spirale iatrogène

Repérer la dysesthésie occlusale pour éviter la spirale iatrogène

La dysesthésie occlusale est un trouble rare caractérisé par une perception persistante d’un contact occlusal anormal, sans anomalie objectivable. Mal connue, elle conduit souvent à des traitements occlusaux répétés, inefficaces voire délétères. Mieux la reconnaître permet d’éviter des interventions inappropriées et d’orienter vers une prise en charge adaptée.

Introduction

Certains patients décrivent une sensation tenace de “mauvais contact” ou de déséquilibre occlusal malgré des examens normaux. Cette situation, déroutante pour le praticien, correspond parfois à une dysesthésie occlusale. La méconnaissance de ce trouble peut conduire à une escalade d’ajustements occlusaux ou de restaurations sans amélioration durable.

Définition et caractéristiques cliniques

La dysesthésie occlusale est définie comme une sensation persistante d’inconfort occlusal en l’absence d’anomalie objectivable. Les plaintes durent généralement plus de 6 mois. Les patients décrivent des sensations d’interférences ou de mauvais calage très précises, souvent disproportionnées par rapport aux constatations cliniques.


DYSESTHESIE OCCLUSALE

DYSESTHESIE OCCLUSALE (PHANTOM BITE SYNDROME)

La dysesthésie occlusale est un trouble sensoriel caractérisé par la perception d’un mauvais
contact dentaire malgré une occlusion normale
Symptômes : • Sensation de mauvaise occlusion • Pression ou gêne dentaire persistante • Aucun signe clinique objectif
Origines possibles : • Dysfonction neuronale perceptive • Stress et anxiété • Déclenchée après soins dentaires
Points clés : • Trouble perceptif et non mécanique • Les ajustements dentaires répétés aggravent souvent les symptômes • Approche multidisciplinaire recommandée
Prise en charge : • Information et réassurance • Thérapie cognitivo-comportementale • Neuromodulateurs à faible dose (selon médecin)

Physiopathologie et facteurs associés

La physiopathologie reste débattue. Plusieurs hypothèses sont avancées : dysrégulation proprioceptive, phénomènes analogues à la douleur fantôme, facteurs déclenchants dentaires (interventions, ajustements), et facteurs psychologiques (anxiété, hypervigilance sensorielle). Ces éléments interagissent, expliquant la chronicité et la résistance aux traitements purement dentaires.

Diagnostic et démarche clinique

Le diagnostic repose sur une plainte persistante (> 6 mois), l’absence d’anomalie occlusale objectivable, l’échec ou l’aggravation après des ajustements répétés, et la mise en évidence d’une hypervigilance sensorielle. Il s’agit d’un diagnostic d’exclusion.

Principes de prise en charge

Il n’existe pas de traitement unique. Les éléments essentiels sont : informer le patient sur la nature sensorielle du trouble, éviter les corrections occlusales irréversibles, encourager la défocalisation sensorielle, adopter une approche pluridisciplinaire et éventuellement utiliser des thérapies cognitivo-comportementales. Une gouttière simple peut être utilisée temporairement.

Conclusion

La dysesthésie occlusale est rare mais importante à reconnaître pour éviter la spirale iatrogène. Le diagnostic repose sur la persistance d’une plainte sensorielle en l’absence d’anomalie objectivable. L’écoute, l’explication et la prudence thérapeutique sont les piliers de la prise en charge.

Références
  1. Imhoff D. et al. Occlusal dysesthesia — A clinical guideline. J Oral Rehabil. 2020.
  2. Tu TTH. et al. Phantom bite syndrome: Revelation from clinically focused review. Front Psychiatry. 2021.
  3. Kelleher M. Occlusal Dysaesthesia. JIDA. 2020.
  4. Robin O. Physiopathologie de la sensibilité occlusale. Les Cahiers de Prothèse. 2010.
  5. Hara ES. et al. Occlusal dysesthesia: a review. J Oral Rehabil. 2012.

Commentaires (2)

  1. Répondre
    Lemuet says:

    Il me semble intéressant d’envisager aussi deux aspects : la pose d’implant(s) pouvant générer une sensation de fixité mal compatible avec le besoin adaptatif de la bouche et la possibilité que la grande sensibilité du patient ne soit pas à traiter comme un excès ou un biais mais comme une source d’information fiable du fait d’une attitude d’ouverture aux messages reçus.

  2. Répondre
    Marion says:

    Pouvons nous aussi admettre que le défaut d’objectivation d’un ressenti peut aussi venir d’un défaut de savoir et de formation ? Peu nombreux sont les praticiens à savoir correctement mettre en évidence des dérapages occlusaux, des contacts prématurés etc. La dysésthésie occlusale est une réalité. A nous, d’évoluer dans nos pratiques : amélioration des examens cliniques et formation occlusodontie pour leur proposer des solutions thérapeutiques adaptées.

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