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Les lois Planas de développement du système stomatognathique

Les lois Planas de développement du système stomatognathique

Pedro Planas a établi quatre lois du développement de l’appareil manducateur, appelées « lois de Planas » qui sont :

  • La loi du développement antéro-postérieur et transversal,
  • La loi du développement vertical des prémolaires et molaires,
  • La loi du développement vertical des incisives,
  • La loi du développement du plan occlusal.

Dans cet extrait, j’ai choisi de ne présenter que la première de ces lois, car l’exposé des suivantes est plus complexe et technique, ce qui n’est pas l’objet de cette présentation.

Robert Heckler

Connaître les Lois de la Réhabilitation Neuro-Occlusale

La connaissance de ces lois est indispensable pour mener à bien la réhabilitation neuro-occlusale.

Le développement de notre économie se fait essentiellement sous l’influence du génotype qui confère a l’individu des caractéristiques particulières comme, entre autres, celles inhérentes à la race ou aux traits familiaux. La modification de ce génotype est impossible et le développement qu’il implique ne peut être modifié que par des manipulations génétiques. Peut-être pourrons-nous, un jour, utiliser cette voie.

Aux directives génotypiques s’ajoutent les stimuli paratypiques (aujourd’hui nous parlons d’épigénétique) du milieu ambiant, et de la fonction. C’est sur eux que nous pouvons intervenir, au besoin les modifier, selon les nécessités.

Ces stimuli paratypiques1, combinés avec la fonction génotypique, déterminent Ie phénotype de l’individu. Si nous pouvions séparer deux jumeaux univitellins peu après leur naissance et leur offrir deux habitats complètement différents, par exemple un méditerranéen et un andin, nous pourrions observer des différences considérables au niveau de leurs systèmes respiratoires, de leurs métabolismes et, en définitive, de leurs développements.

Si, en plus du milieu ambiant, nous intervenions sur la fonction masticatrice en combinant des régimes alimentaires très dissemblables, nous obtiendrions des phénotypes bien différents, bien que Ie patrimoine héréditaire fût le même.

Les systèmes stomatognathiques des deux sujets présenteront des caractères totalement différents. Cela ne se serait pas produit si les conditions ambiantes et fonctionnelles avaient été les mêmes 2.

En RNO, il nous serait utile de savoir quelle est I’excitation paratypique qui, par l’intermédiaire des fonctions respiratoire et masticatrice a une incidence sur Ie système stomatognathique, et quelles sont pendant ces actes, les terminaisons nerveuses réceptrices de ces stimuli. Nous pourrons ainsi les exciter ou les freiner pour réaliser le stimulus normal et obtenir alors le phénotype parfait.

Après ces généralités, nous allons étudier en détail le développement du système stomatognathique.

Nous savons, par l’embryologie, que la mandibule est formée de deux parties symétriques, droite et gauche qui s’unissent par une symphyse. Les deux hémi-arcades correspondantes, et leurs dents sont innervées par leurs troncs nerveux respectifs indépendants I’un de l’autre. C’est dire que la mandibule possède deux voies afférentes et efférentes, une droite, l’autre gauche, clairement différenciées et dont les propriocepteurs sont disséminés dans les parodontes de chacune des hémi-arcades.

Comme l’acte masticateur est unilatéral et alternatif, l’excitation nerveuse mandibulaire se fera à chaque fois par I’intermédiaire des dents du côte qui mastique.

Le maxillaire supérieur est bien différent. Son origine embryologique est triple : les deux bourgeons maxillaires droit et gauche et le bourgeon prémaxillaire. L’information nerveuse se fait par trois voies indépendantes qui correspondent aux deux secteurs latéraux des prémolaires et des molaires, et au secteur central incisif 3.

L’appareil masticateur ne fonctionne que pendant I’acte masticateur, c’est-à-dire, approximativement une heure par jour. Pendant cet acte, les mouvements de latéralité, qui assurent le glissement de l’ATM du côté balançant et le frottement occlusal, plus puissant, du côté travaillant, alternent, engendrés par le système neuro-musculaire.

Pendant les 23 heures restantes, la bouche est au repos, et maintient un espace libre physiologique sans contacts occlusaux. Les faces occlusales ne sont en contact, et seulement en occlusion maximale habituelle, que pour la déglutition salivaire.

L’excitation nerveuse paratypique qui assure la fonction masticatrice n’a donc lieu qu’une heure par jour. La réponse de développement apparait dans les intervalles de repos. Nous pourrions comparer ce phénomène avec une batterie qui, après avoir été rechargée pendant une heure, se déchargerait lentement en 23 heures.

Développement postéro-antérieur et transversal

Pour nous, la première zone dont la stimulation entraîne une réponse de développement du système stomatognathique se situe dans la partie supérieure de l’ATM. Cette articulation fonctionne en effet depuis la naissance alors même que les dents sont encore absentes et ne peuvent donc produire de stimulation parodontale. Cette stimulation première des ATM est liée à l’acte physiologique de l’allaitement ; elle est provoquée par la traction qu’exerce sur le ménisque la tête condylienne en mouvement. La partie postérieure du ménisque, qui subit les tractions dans les mouvements antéro- postérieurs du condyle, possède une vascularisation très particulière, faite d’un réseau de vaisseaux en spirale. Les vaisseaux fonctionnent à la manière d’une pompe, qui, pendant les mouvements de traction et de recul, crée une augmentation de l’irrigation et de l’excitation de cette zone particulièrement neurogène.

Durant I’allaitement au sein, ce mouvement antéro-postérieur, cette traction et ce glissement du ménisque, se réalisent simultanément des deux côtés ; la réponse de développement mandibulaire est totale et bilatérale.

Mais, dès que I’enfant commence à mastiquer, seul le côté balançant est stimulé, la réponse de développement n’intéresse alors que l’hémi-mandibule homolatérale.

Simultanément, le frottement occlusal des dents de l’hémi-arcade inférieure, travaillant contre leurs antagonistes supérieures, entraîne une excitation paratypique avec, en réponse, l’élargissement et l’avancée du maxillaire supérieur de ce côté.

Les parodontes possèdent le même type de vascularisation avec réseau spirale que les ATM et une innervation identique (fig. 4-2).

La mastication unilatérale gauche, par exemple, entraîne une stimulation qui aura comme réponse le développement de l’hémi-mandibule droite. Ce développement hémi-mandibulaire induira à son tour le développement en avant et en dehors du maxillaire supérieur gauche. Par contre, dans les cas normaux avec mastication alternative, Ie développement se fera de façon symétrique. Notre système se développe donc à la fois dans les sens antéro-postérieur et transversal. Mais n’oublions pas que, pour que ces phénomènes se succèdent, il est indispensable qu’il existe un équilibre occlusal, c’est-a-dire des mouvements de latéralité étendus (sans à-coups en occlusion centrique) et un contact occlusal aussi bien en travail qu’en balance, car la stimulation reçue et transmise par les innervations parodontales et méniscales, ne se transmet que dans la mesure ou existent équilibre et frottements occlusaux.

L’énergie produite à la mandibule, au cours de son développement postéro-antérieur, par les stimulations de la partie glissante des ATM, doit être transmise aux maxillaires par les frottements occlusaux. Les maxillaires, à leur tour, utilisent cette énergie pour leur développement ultérieur. Collaborent à ce processus le système musculaire et la disposition particulière des faces occlusales des dents supérieures, qui recouvrent les inférieures, comme une coiffe.

Nous pouvons comparer tout cela à un pilon qui fait des tours dans un mortier de matériau déformable. Avec le temps celui-ci s’élargit et s’agrandit. Si, à cela, nous ajoutons que le pilon va également s’agrandir, nous allons transformer tout cet ensemble en un ensemble plus grand. Ici, c’est la mandibule qui joue le rôle de pilon et les maxillaires tiennent lieu de mortier4

Si, au lieu de faire des tours, le pilon frappe seulement, ou si la mandibule ne fait que des mouvements d’ouverture et de fermeture, nous n’obtiendrons ni élargissement ni développement mais nous pourrons bien « estropier » le système. C’est pour cela que nous insistons sur la cessité du mouvement de latéralité mandibulaire et du frottement occlusal, comme conditions indispensables pour obtenir un développement phénotypique normal. Il ne faut pas oublier que ces processus de développement se produisent en quantités infimes et qu’on ne peut les apprécier macroscopiquement qu’après des années.

Extrait du livre de Pedro Planas : La Réhabilitation Neuro-Occlusale – Ed. Masson 1992

(1) N.d.l. : Paratypique (de paratype) : ensemble des composants physiques d’un organisme biologique qui ne sont pas transmis héréditairement, mais sont déterminés par le milieu et par des causes en relation avec Ie développement historique de l’organisme. Dictionnaire français de Médecine et de Biologie, L. et A. Maninla, M. Nicolkoff, H. Lambert, Masson, 1972.
(2) N.d.l. : Une telle expérience a réellement eu lieu par un effet involontaire de la débâcle hitlérienne, et les différences entre deux groupes de jumeaux monozygotes élevés l’un en Europe centrale, l’autre en Californie, ont été considérables (20% en taille !).
(3) N.d.l. : L’auteur met en évidence 5 zones fonctionnelles alvéolo-dentaires qui viennent trouver leur place dans Ie puzzle « des unités fonctionnelles » de Delaire, sans que l’un se soit inspiré de l’autre.

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