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Quid des perturbateurs endocriniens et CMR dans les produits dentaires ?

Le 4 Juillet 2017 le gouvernement français a rendu public des « listes de 600 produits pesticides autorisés, susceptibles de contenir des substances perturbatrices endocriniennes ». L’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a mené plusieurs études et travaux qui ont servi de base à la priorisation des substances à évaluer dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 2014-2016).

Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de la nocivité des Perturbateurs Endocriniens (PE) et on prend conscience de l’ampleur des dégâts déjà occasionnés. Les autorités de santé de plusieurs pays ont pris des mesures restrictives concernant les produits contenant du BPA. Le 11 mars 2011, le Canada a été le premier pays à interdire les biberons contenant du BPA suivi par les Etats unis, le Danemark et la Belgique. En France, la loi du 30 Juin 2010 interdit la commercialisation de biberons contenant du BPA et depuis le 1° Juillet 2015 son utilisation est proscrite dans les contenants alimentaires et dispositifs médicaux. De plus, l’EFSA (l’autorité européenne de la sécurité des aliments) a réduit considérablement le niveau sans danger du BPA de 50 à 4 microgrammes par kg de poids corporel par jour.

Qu’en est-il des perturbateurs endocriniens dans la dentisterie ?

De 2012 à 2014, le Service Interentreprises de santé au Travail (SIST) des départements 26 et 07 a étudié les risques professionnels dans les cabinets de dentaires de ces départements, à partir des Fiches de Données de Sécurité des produits utilisés dans ces cabinets. Un rapport d’analyse a été publié et adressé aux praticiens. Dans l’évaluation des risques chimiques les produits contenant des substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) ont été recensés, ainsi que ceux suspectés d’être ou étant des Perturbateurs Endocriniens ( Triclosan, Biphénol A, Phtalates, Parabènes..)

Depuis certains de ces produits ont été retirés du marché.

De nombreuses études sur les substances toxiques (PE et CMR)

Le 23 Juin 2016 le Réseau Environnement Santé (RES) a organisé un colloque avec des tables rondes « Vers une dentisterie sans Perturbateurs Endocriniens ». Les dentifrices aussi sont susceptibles de renfermer des perturbateurs endocriniens. Les plus répandus dans les dentifrices sont le butylparaben, le propylparaben ainsi que le triclosan, antibactérien pouvant entrainer des résistances bactériennes.

Pour les dentifrices médicaments, vendus en pharmacie, le propylparaben est nommé p-hydroxybenzoate de propyle sur les listes d’ingrédients. On trouve aussi du sodium propylparaben sous le nom p-hydroxybenzoate de propyle sodique. Par ailleurs, le sodium lauryl sulfate, un composant qui peut provoquer des irritations, est assez souvent employé.

En Juin 2017, Que choisir a réalisé un comparatif des substances toxiques dans 76 produits d’hygiène dentaire.

Au vu des nombreuses études, des dispositions et réglementations en France et dans le monde entier vis à vis des perturbateurs endocriniens, il convient d’être vigilant dans les choix de tous nos matériaux en odontologie y compris des résines composites et des systèmes de collage en dentisterie esthétique. De récentes études et articles mettent en avant la présence de BPA dans certains composites en tant que résidus ainsi que dans certains bonding et systèmes de collage.

Existe t-il un substitut aux résines composites ?

Actuellement il n’existerait pas encore de substitut sans effets secondaires aux résines composites et systèmes adhésifs.

Pour les reconstitutions de grande étendue, il serait préférable d’utiliser des reconstitutions indirectes si possible en céramique avec des composites de collages exempts de perturbateurs endocriniens entre autres. Avec l’arrivée de la CFAO et les avancées en recherche de nouvelles perspectives s’offrent à notre profession à partir de dents extraites ou de cellules souches .

A l’université de Munich en Allemagne (LMU de Munich) il existe le « centre de conseil international pour la tolérance aux matériaux dentaires, BZVZ ».

Grâce à la plus grande base de données au monde, il est possible, après les tests d’allergies et avant la restauration dentaire, de choisir pour le patient allergique, le matériau d’obturation lui convenant le mieux, à savoir le plus compatible. Tout patient allergique et présentant une intolérance peut aussi consulter ce centre avant toute restauration dentaire. Il y est également possible de déterminer si le matériau dentaire déjà présent dans la bouche du patient est la cause du symptôme.

En attendant que ce concept soit étendu dans d’autres pays et en France, il est important de respecter les consignes d’utilisation et de sécurité des matériaux.

La meilleure attitude consiste de notre part d’exiger et d’étudier les fiches de données de sécurités pour chacun de nos matériaux auprès des industriels, de tenir compte des rapports d’analyse des pratiques qui nous sont fournis et de choisir les matériaux présentant le moins de risques pour nos patients et pour l’équipe de soignants.

Myriam ADIB-YAZDI

 

> Voir la Bibliographie de la bio-compatibilité des résines composites

Commentaire (1)

  1. Répondre
    Michel ARTEIL says:

    bravo pour toutes ses précisions

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