Qu’est-ce que le radon ?
La géobiologie consiste à étudier l’impact sur notre santé des phénomènes présents dans le sous-sol de notre habitat (rivières souterraines, failles, etc.).
Dans certaines régions, on doit composer avec le radon 222, un gaz radioactif incolore et inodore, cancérigène, qui provient des émanations de roches de type volcanique, présentes dans le sous-sol, et qui peuvent se répandre dans l’habitat. Provenant de la désintégration du radium, lui même issu de celle de l’uranium présent dans la croûte terrestre, le radon 222 est présent partout à la surface de la planète. Il est plus fortement concentré dans les sous-sols granitiques et volcaniques, c’est pourquoi on le retrouve en plus forte concentration dans les régions granitiques telles que le Massif central, le Massif armoricain, la Corse et sur les reliefs élevés (Alpes, Pyrénées).
Il pèse sept fois plus lourd que l’air (les mesures se feront donc au rez-de-chaussée ou au sous-sol, cave ou garage) et se dissout facilement dans l’eau. Ainsi, les cours d’eau, circulant dans le Massif armoricain ou en provenance du Massif central et des chaînes montagneuses, véhiculent du radon 222. Depuis des millénaires, ils transportent de la radioactivité qu’ils libèrent sur leur passage.
Le radon constitue la seconde cause de décès par cancer du poumon après le tabac et devant l’amiante. En effet comme il provient du sol et se trouve, par effet de confinement, à des concentrations plus élevées à l’intérieur des bâtiments qu’à l’extérieur, les particules fines radioactives qu’il libère en suspension dans l’atmosphère sont alors inhalées avec l’air respiré et se déposent le long des voies respiratoires en provoquant leur irradiation.
Ce risque de cancer du poumon lié au radon augmente avec le tabagisme: les fumeurs exposés au radon ont plus de risques d’avoir un cancer du poumon que les non-fumeurs. Par contre, le radon ne cause pas :
- de troubles respiratoires, comme la bronchite chronique et l’emphysème
- d’allergies
- d’asthme
- de malformations congénitales
L’exposition au Radon en France
Les 31 départements français seraient trop exposés au radon
En juin 2018, un décret a modifié le seuil de déclenchement des mesures correctives suite au dépistage du radon dans les bâtiments publics : l’obligation de réalisation de travaux de remédiation est déclenchée dorénavant à 300 becquerels par mètre cube au lieu des 400 Bq/m³ précédents.
(Bq/m3: unité de mesure de la radioactivité qui correspond à la désintégration d’un atome de radon par m³ et par seconde.)
Les zones concernées par cette obligation de surveillance ont aussi été modifiées : on ne parle plus des 31 départements prioritaires, mais de 7000 communes sur 72 départements, communes qui se voient désormais affectées un niveau de risque de 1 à 3, la catégorie 3 étant celle qui présente le potentiel radon le plus important.
Vous pouvez avoir un aperçu concernant votre commune en France en vous adressant à la mairie, ou en consultant sur internet le site de l’IRSN :
https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Environnement/expertises-radioactivite-naturelle/radon/Pages/5-cartographie-potentiel-radon-commune.aspx#.W6izBmgzaUk
Pour nos amis belges :
Pour nos amis suisses :
Le radon dans nos logements et cabinets dentaires
Pour détecter sa présence, s’agissant de logements privatifs, il n’est pas obligatoire de recourir à un organisme agréé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il suffit de s’équiper d’un «dosimètre passif». Quelques sociétés spécialisées dans la mesure de la radioactivité le commercialisent, parmi lesquelles Algade, Criirad, Landauer ou encore Pearl. Il est aussi possible d’effectuer des mesures à l’aide de détecteurs achetés sur internet, ou de vous adresser par exemple à la Criirad à Valence (Drôme) en leur demandant, soit des dosimètres Kodalpha que vous placerez chez vous pour une durée d’exposition de 2 mois minimum, soit de faire venir un de leurs spécialistes muni d’un dosimètre Alphaguard (Génitron).
En baubiologie, discipline d’origine allemande qui vise à « bâtir et habiter sain», et pour laquelle les valeurs indicatives sont des valeurs de précaution, on estime fortement significatif des valeurs mesurées entre 60 et 200 Bq/m³ et extrêmement significatif des valeurs supérieures à 200 Bq/m³.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), quant à elle, recommande un niveau d’exposition de 100 Bq/m³.
Quels sont les moyens d’action pour se protéger du radon ?
- Réduire significativement la concentration en radon dans une habitation/cabinet dentaire est possible.
- Assurer une bonne aération en ouvrant les fenêtres, particulièrement le soir est la première chose à faire. Il faut aussi veiller à ce que soient posées, au niveau de chacune d’elles, des réglettes d’aération.
- Installer des extracteurs par ventilation mécanique continue dans les pièces humides aveugles (cuisine, salle de bains).
- Intervenir dans la partie basse de la construction. Procéder à l’étanchéité de la dalle du sous-sol, des planchers bas voir des murs en colmatant les fissures et en posant une membrane anti-radon, vérifier l’étanchéité des gaines techniques.
- Cloisonner la cage d’escalier reliant les pièces habitées à la cave, instaurer un balayage de l’air dans celle-ci, afin que le radon s’échappe directement du sous-sol vers l’extérieur.
- Et si besoin, installer un système de dépressurisation du sol (SDS) : un puisard collecte le radon sous la dalle, puis rejette l’air vicié à l’extérieur via un système de conduits et d’aspiration par pompe.
- Dormir à l’étage est fortement recommandé, et ne pas dormir à même le sol.
Catherine Bocherens
