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Déremboursement de l’homéopathie : une vraie fausse bonne idée !

Déremboursement de l’homéopathie : une vraie fausse bonne idée !

Par Dr Grégory HELFENBEIN, chirurgien-dentiste

Une tribune contre la pratique homéopathique

Tout a commencé par une tribune publiée en mars 2018 dans le Figaro par 124 médecins (sur environ 200.000 exerçant en France). Ceux-ci s’acharnaient sur l’homéopathie en fustigeant son remboursement, allant jusqu’à traiter les médecins homéopathes de charlatans, propos pour lesquels ils ont été condamné par le conseil de l’ordre des médecins pour diffamation. Rappelons qu’un médecin ou un chirurgien-dentiste homéopathe a suivi un cursus médical complet auquel s’est ajouté une formation en homéopathie de type Diplôme Universitaire. Il n’est donc pas plus charlatan que son voisin médecin ou chirurgien-dentiste allopathe.

Deux arguments étaient mis en valeur pour cautionner le déremboursement :

  • Un argument économique
  • Un argument scientifique

L’argument économique contre l’homéopathie

Nous allons voir que ces deux arguments ne tiennent pas la route.

Économiquement parlant, le remboursement des médicaments homéopathiques représentait 0,29% des remboursements de médicaments en 2016 ou 0,06% des dépenses de santé… une goutte d’eau dans l’océan. Sachant que suite au déremboursement, si seulement 10% des patients qui se soignaient en homéopathie remplacent leur traitement homéopathique par d’autres médicaments remboursés, en moyenne plus cher et avec des effets secondaires non négligeables cela annule l’économie escomptée (1)

Un patient pris en charge par un médecin homéopathe coûte en moyenne 35% de moins que les autres patients, à niveau de sévérité égal (2).

Autre étude scientifique qui parle d’elle-même : l’étude EPI3 (3) réalisée entre 2011 et 2018 qui a évaluée la pratique de 825 médecins généralistes sur 8559 patients dans 3 domaines :

  • Troubles musculo-squelettiques
  • Infections des voies aériennes supérieures
  • Troubles anxieux du sommeil

Résultat : Bénéfice comparable pour les patients traités par homéopathie ou par allopathie. Alors quel avantage me direz-vous à soigner par homéopathie ? Une économie de 35% par patient avec :

  • 57% de prescription antibiotique en moins (à l’heure où la chasse à l’antibiorésistance bat son plein c’est une donnée intéressante !!)
  • 46% d’anti-inflammatoires non stéroïdiens en moins
  • 71% de psychotropes en moins

Avec tous ces chiffres, vous comprendrez aisément que l’argument économique ne tient absolument pas la route.

Reste l’argument scientifique : l’homéopathie n’a pas ses preuves scientifiques.

L’argument scientifique contre l’homéopathie

Soyons clair d’emblée : l’homéopathie ne peut pas être comparée dans une étude en double aveugle classique à l’allopathie. C’est impossible et cela s’explique simplement : c’est lié à son fonctionnement.

L’homéopathie est une médecine de l’individu, qui va prendre en charge le patient dans sa globalité avec l’ensemble de ses symptômes physiques et mentaux. Il y a individualisation du traitement, à chaque personne correspond un traitement spécifique.

Prenons l’exemple d’une étude en double aveugle sur 10 personnes pour tester l’efficacité d’un traitement allopathique dans les infections dentaires : on crée deux groupes, l’un reçoit un placebo et l’autre un traitement antibiotique; ce sera le même traitement pour tous. Personne ni les patients, ni les praticiens ne savent qui prend quoi. On analyse ensuite les résultats et si l’antibiotique aura eu des résultats sur un maximum de personnes, on dira qu’il a un service médical rendu suffisant justifiant sa prescription et son remboursement dans cette indication.

En homéopathie, le fonctionnement est complètement différent. Le traitement sera spécifique à chaque personne en fonction des symptômes locaux (type de douleur, irradiation…), des symptômes généraux (modalités thermiques, modalités alimentaires, symptômes concomitants…) et des symptômes mentaux (traits de caractère spécifiques, peur, colère, indifférence…). Donc pour 10 patients, nous pourrons avoir 10 remèdes différents. C’est pour cette raison que depuis 1992, une directive européenne précise le statut des médicaments homéopathiques et leur spécificité sans indication thérapeutique.

A partir de là, on comprend bien que proposer une étude en double aveugle avec le même remède pour toutes les personnes n’a pas de sens.

Maintenant, on peut se poser la question de la problématique d’utiliser une médecine qui ne rentre pas dans le cadre des essais cliniques à plus haut niveau de preuve.

L’ »Evidence-Based Medecine »

L’ »Evidence-Based Medecine » ou médecine fondée sur les preuves est un concept qui intègre trois composantes :

  • Les meilleures données actuelles de la recherche clinique : pour l’homéopathie, les études épidémiologiques existent et prouvent son intérêt épidémiologique alors que les essais cliniques randomisés sont plus nuancés (et l’on comprend pourquoi à la lecture des explications qui précèdent)
  • L’expérience clinique du praticien : l’homéopathie existent depuis plus de 200 ans (1810 parution de l’Organon, ouvrage de base du Dr Samuel Hahnemann), la littérature est abondante et les cas cliniques nombreux. On ne peut donc pas reprocher aux médecins qui pratiquent depuis des années leur manque d’expérience.
  • Les préférences du patient : nous remarquons tous dans nos cabinets une demande de plus en plus forte des patients pour ces médecines alternatives naturelles. Par défiance pour la médecine allopathique ou par conviction pour la médecine homéopathique, 77% des français ont déjà utilisé l’homéopathie au cours de leur vie et 20% des patients atteints de cancer l’utilisent en soins de support pour réduire les effets secondaires des traitements anticancéreux. Les patients sont demandeurs d’une médecine plus respectueuse de leur corps et de l’environnement. L’homéopathie ne va pas aider l’organisme à se battre contre, à coup d’antibiotique, d’antiviral, d’anti-inflammatoire ou d’antidépresseur mais va l’aider à retrouver sa force intérieure, son énergie vitale.

La polémique sur l’homéopathie

Cette polémique sur l’absence de preuves scientifiques pour l’homéopathie me fait penser aux polémiques liées à l’hypnose lors de ses premières utilisations en médecine. Sigmund Freund qui se servait de l’hypnose dans les années 1940, s’est fait traiter de charlatan et ses patientes d’hystériques par les confrères qui n’appréciaient pas du tout ses nouvelles techniques de soins révolutionnaires. A l’époque aucune preuve scientifique ne permettait de prouver l’efficacité de ses traitements. Aujourd’hui, depuis que des recherches universitaires avec IRM cérébrales ont montré que pendant une séance d’hypnose certaines aires corticales normalement inactives s’activaient plus personne ne remet en cause l’efficacité de l’hypnose. Cela a donné une explication scientifique à un phénomène que l’on visualisait mais que l’on n’expliquait pas.

Et bien pourquoi ne pas accepter de se dire que c’est la même chose aujourd’hui et que dans quelques années des explications scientifiques permettront de comprendre ce mode de fonctionnement. Et ces années ne sont peut-être pas si loin… j’en veux pour preuve les découvertes récentes en physique quantique.

Les travaux de recherche de l’équipe DYNHOM (4) ont ainsi mis en évidence la signature caractéristique de deux médicaments homéopathiques (Cuprum Metallicum et Gelsemium Sempervirens) grâce à leur Résonance Magnétique Nucléaire (NMR) dans des substances où ils ont été hautement dilués. Je rappelle qu’en homéopathie, au-delà de la 12 CH, nous sommes dans des substances hautement diluées dans lesquelles nous n’avons statistiquement plus la probabilité de retrouver de molécules. Cela voudrait donc dire que dans ces substances hautement diluées, il resterait une trace électro-magnétique ou vibratoire des substances initialement présentes.

Pour conclure, je trouve dommage que des confrères se mettent des bâtons dans les roues pour travailler. L’homéopathie est une médecine alternative et complémentaire qui vient compléter la médecine allopathique. Elle ne s’y oppose pas et respecte en plus une loi fondamentale de la médecine chère à Hippocrate : « Primum non nocere »

 

(1) Calcul d’après les données DREES 2016, MEDIC’AM 2016
(2) Colas A et al. Economic impact of homeopathic practice in general medicine in France. Health Economics Review (2015) 5:18
(3) Etude Pharmaco épidémiologique de l’Impact de santé publique des modes de prise en charge pour 3 groupes de pathologies, réalisée par LASER pour Boiron, ayant donné lieu à 12 publications scientifiques entre 2011 et 2018. EPI 3 est la plus grande étude épidémiologique réalisée en France dans le domaine de la médecine générale. Ce programme d’étude a duré 5 ans et a été confié à un comité incontestable d’experts indépendants, présidé par le Pr Bernard Bégaud (alors président de l’unité INSERM 657 « Pharmaco-épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de santé sur les populations »). Il s’agissait d’évaluer la place de l’homéopathie en médecine générale en France et son intérêt pour la Santé Publique.
(4) Nuclear Magnetic resonance characterization of traditional homeopathically manufactured copper (Cuprum Metallicum) and plant (Gelsemium Sempervirens) medicines and controls » MichelVan Wassenhoven, MartineGoyens, MarcHenry, EtienneCapieaux, PhilippeDevos Homeopathy Volume 106, Issue 4, November 2017, Pages 223-239

Commentaire (1)

  1. Répondre
    Corinne Sansilvestri says:

    Merci Greg pour ce très bon article qui explique parfaitement le problème et qui nous donne des réponses

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