Éclatement de papier à bulles, chuchotement, mastication, tapotement, des sons tous plus intrigants les uns que les autres. Depuis le début des années 2010, les vidéos d’ASMR (Réponse Automatique des Méridiens Sensoriels), visant à procurer un sentiment de bien-être grâce aux sons qu’elles contiennent, se multiplient sur internet.
Les voix chuchotées douces et chaleureuses, les sons familiers feutrés et intimes hypnotisent leurs auditeurs. Certains médecins comparent les effets de l’ASMR à ceux de la morphine. Derrière leurs écrans, les adeptes de l’ASMR sont captivés par la personne qui s’adresse à eux tout en chuchotements et gratouillis. Si certains utilisent de temps à autres cette technique de relaxation auditive, accessible en ligne, pour se relaxer ou trouver le sommeil, d’autres sont en revanche devenus complètement accros à cette forme de « drogue » auditive. Sur internet, les vidéos d’ASMR atteignent facilement le million de vues.
Rythme cardiaque diminué, individu plus calme, activité électrique à la surface de la peau plus élevée, les vidéos ASMR ont fait leurs preuves physiologiques. C’est ce que démontre l’étude menée par Giulia Poerio de l’Université de Sheffield au Royaume-Uni. La chercheuse en psychologie et son équipe ont étudié les réactions à des extraits vidéo de 50 sujets sensibles à l’ASMR et 50 autres qui ne le sont pas. Car la réponse sensorielle méridienne autonome ne fonctionne pas sur tout le monde.
L’étude britannique confirme donc l’intérêt grandissant du public pour les vidéos ASMR ces dernières années. Les personnes qui regardent ces vidéos sur YouTube disent que ça les aide à se relaxer et à s’endormir. La plupart des segments vidéo durent plus d’une heure pour accompagner l’auditeur jusqu’à ce qu’il tombe dans les bras de Morphée. Les chercheurs ont pu identifier les bienfaits de ces vidéos sur ceux qui les écoutent.
Pour le neurologue toulonnais Pierre Lemarquis, neurophysiologiste, neuropharmacologue, diplômé de médecine chinoise, spécialiste des effets de la musique sur le cerveau, l’addiction à ce genre de sensations ne tient pas du hasard. « Les effets décrits avec les ASMR, c’est un peu les mêmes que ceux de la morphine. On sait que le cerveau sécrète de la morphine endogène quand il est content. C’est pour ça qu’on a parfois pu parler d’orgasme cérébral », nous expose-t-il. A priori cependant, l’ASMR serait totalement inoffensive pour le corps.